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C’est une météo toulousaine plus frisquette qu’à l’ordinaire qui accueillait, mercredi 25 septembre, dans la chapelle du cloître du couvent des Jacobins, le douzième des seize concerts qui composent la 45e édition du Festival Piano aux Jacobins.
Une saison qui mêle jusqu’à la fin septembre jeunes talents, claviers confirmés et vieux maîtres : plusieurs générations séparent en effet la jeune Arielle Beck, 15 ans, et le vénérable Joaquin Achucarro, 91 printemps. Au mitan, Marc-André Hamelin, 63 ans (il est né le 5 septembre 1961 à Verdun, dans un quartier de Montréal au bord du Saint-Laurent). Malgré sa réputation internationale, le Québécois se produit encore trop peu en France.
Sanglé dans un costume de ville noir, petites lunettes fines sur le nez, le pianiste s’est rapidement installé au piano, attaquant sans sommation la jubilatoire Sonate en ré majeur n° 50, Hob XVI : 37, de Haydn. Un « allegro con brio », qui donne d’emblée la mesure de l’homme et du pianiste : jeu ferme et enjoué, d’une probité foncière – ni préciosité ni didactisme –, soulignant à la fois la clarté des lignes polyphoniques, les profondeurs harmoniques, le tout dans une évidence saisissante. Un lyrisme naturel, une autorité dynamique sans dureté caractériseront tout à la fois un « Largo e sostenuto » aux airs de grave sarabande, et le « Presto non troppo » final, dont le thème de rondo populaire s’envole avec grâce et assurance.
Le sentiment permanent d’une immense facilité révèle l’époustouflante technique de Marc-André Hamelin, qui embarque l’auditeur dès les premières mesures de la beethovénienne Sonate en do majeur, op. 2 n° 3. Le premier mouvement commence comme du Haydn qui se serait densifié et assombri. Joyeux, mais avec une intensité plus grande, des couleurs moins lumineuses. Quinze années séparent les deux œuvres : 1779 pour Haydn, 1794 pour Beethoven.
Mais la révolution est en marche, de la recherche d’un matériau sonore d’une ampleur orchestrale aux ruptures de ton dramaturgiques, qui sapent les fondements du style classique. L’omniscient Marc-André Hamelin se garde de toute tentation anecdotique, abreuvant au contraire la musique d’une complexité de plans expressifs. Le second mouvement le convertira en joueur d’orgue, posant sur la toile sonore du « Largo » les couleurs inspirées de « registrations » sonores dans un geste à la fois souple et mystérieux.
Rien de mièvre ou de convenu dans ce « Scherzo » élastique, dont la plénitude se teinte de poussées de sauvagerie (magistralement millimétrées), tandis que le dernier « Allegro assai » se soumet à la maîtrise totale de l’interprète, quasi immobile, tête et épaule relâchées. Marc-André Hamelin y mettra en vibration la persistance d’un long trille quasi percussif (l’une des futures signatures sonores de Beethoven), avant de mener à son terme la partition prémonitoire des grands opus à venir. Une interprétation magistrale publiée dans le prochain album du pianiste, à paraître le 4 octobre chez Hyperion Records, avec la fameuse Hammerklavier en si bémol majeur, op. 106.
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